logo garder le cap

famille vedette nadia dominic
famille vedette nadia dominic mobile

Il y a fort à parier qu’un jour ou l’autre, notre adolescent communiquera avec nous son désir de s’engager dans une relation amoureuse. « Les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ont les mêmes besoins et désirs sexuels que la majorité des gens. Entre 60 % et 90 %, des gens présentant des déficiences légères déclarent vouloir se marier et avoir des enfants dans l’avenir. »1

Devant les besoins affectifs de notre adolescent, nous pourrions alors faire face à certaines de nos peurs et peut-être même à certains « stéréotypes » concernant la sexualité de notre adolescent handicapé, à savoir qu’il…

  • restera un enfant pour toujours;
  • est et sera toujours asexué;
  • est incapable de comprendre ses désirs sexuels;
  • a des pulsions sexuelles qui ne se maîtrisent pas;
  • ne devrait pas recevoir une éducation sexuelle dans l’éventualité où cela lui donnerait des idées.2

Prendre conscience de notre façon de percevoir notre enfant nous permettra de mieux l’accompagner dans les différentes étapes qui l’aideront à entretenir ses relations en toute sécurité. À la suite de ces prises de conscience, il est essentiel d’offrir à notre enfant une éducation sexuelle adaptée à son niveau de compréhension.

Histoire de personne handicapée physique

J’ai un handicap moteur sans toutefois avoir de limitation intellectuelle. J’ai grandi dans une famille avec un frère et une soeur et dans un petit village où il n’y avait pas plusieurs personnes handicapées. J’étais très attirée par les garçons et adolescente, je me suis souvent demandé comment je m’organiserais pour avoir une vie sexuelle active. Toutefois, ma mère m’a souvent fait des remarques sous-entendant que je n’aurais pas accès à cette vie sexuelle, prétextant par exemple que ʺje ne serais pas capableʺ ou que ʺc’était impossibleʺ. Ces phrases entendues dans mon adolescence ont semé un doute et j’ai dû, une fois adulte, reprogrammer certaines fausses croyances que j’avais. Je sais bien que ma mère n’était pas consciente à l’époque des impacts de ces phrases et qu’elle me les a dites dans le but de me protéger, mais j’aurais aimé qu’elle soit plus confiante en mes capacités et que, dans le doute, elle s’informe de ce que je serais réellement capable de faire.

Véronique

Pour aller plus loin

Au Québec, plusieurs programmes d’éducation sexuelle ont été élaborés et sont utilisés par les établissements du réseau, notamment les programmes suivants :

  • La sexualité de l’adulte (Pilon et Brousseau, 1980);
  • Programme de développement psychosexuel (Tremblay, Desjardins et Gagnon, 1993); 
  • Programme d’apprentissage des relations interpersonnelles (Caron et Dufour, 1995);
  • Sexo-trousse (Lemay et Belley, 1996);
  • Programme d’éducation à la vie affective, amoureuse et sexuelle pour les personnes présentant des incapacités intellectuelles modérées, âgées de 16 ans et plus, 2e édition (Desaulniers, Boucher, Boutet, Voyer et Scheurer, 2007);
  • Programme d’éducation sexuelle pour les adolescents présentant une décifience intelllectuelle (Boucher, Côté, Tremblay et Labbé, 2017)3

N’hésitons pas à en parler à l’intervenant qui accompagne notre famille si nous désirons aller plus loin dans l’éducation sexuelle de notre adolescent.

Guide de sexualité pour les TED au pays des neurotypiques (68 pages) - 2010

guide sexualite TED2Guide conçu pour permettre aux ados et aux adultes autistes de comprendre les notions qui entourent la sexualité. Ils y trouveront des explications, des conseils et des références afin de les aider à mieux vivre leur sexualité.

en savoir +

 

Rappelons-nous que l’enseignement de concepts liés à la sexualité est souvent axé sur des notions abstraites et que celles-ci peuvent être plus difficiles à comprendre pour plusieurs enfants présentant un handicap. Voici quelques conseils relatifs à l’éducation sexuelle :

Répéter, répéter et répéter encore.

Il est important de répéter souvent lorsqu’on enseigne aux jeunes atteints d’un handicap. Nous pouvons répéter le même concept à partir d’angles différents pour optimiser le potentiel de compréhension.

Donner toujours des exemples concrets.

Bon nombre de jeunes présentant un handicap ne saisissent pas les concepts abstraits comme l’amour ou le fait qu’une grossesse puisse donner lieu à un bébé neuf mois plus tard. Les exemples utilisés doivent être concrets, au mode présent et presque tangible. L’utilisation d’images et de vidéos constitue une bonne méthode.

Ne pas surcharger les jeunes de renseignements.

Il vaut mieux donner les renseignements à la petite cuillère et laisser passer quelques jours entre chaque discussion, de façon à ce que l’adolescent ait le temps de réfléchir aux renseignements que nous lui avons donnés.

Vérifier les connaissances de notre adolescent concernant la sexualité.

Nous devrions commencer par l’essentiel.

Enseigner le droit de refuser.

Les personnes présentant un handicap ont parfois appris à être dociles et doivent apprendre à dire « Non ! » dans certains contextes.

Aider les jeunes à démontrer leur affection de façon appropriée, avec les bonnes personnes et aux bons endroits. Discuter de masturbation.

Il est important que notre adolescent comprenne le concept et la valeur de la masturbation (à moins que nos valeurs n’entrent en conflit avec cet aspect). Notre adolescent doit savoir que la masturbation est saine et naturelle et qu’elle est tout à fait appropriée si elle est pratiquée au bon endroit, c’est-à- dire en privé.

Une note à propos de la masturbation.

Il est très important de prévenir des comportements sexuels comme la masturbation ou l’exposition de parties génitales en public, parce que de tels comportements sont illégaux. On répète souvent aux personnes atteintes de déficience intellectuelle de se masturber dans leur chambre à coucher plutôt qu’en public. Toutefois, certaines personnes atteintes d’une déficience intellectuelle ne peuvent pas devenir excitées ou atteindre un orgasme lorsqu’elles sont seules dans leur chambre. En effet, comme elles n’ont pas la capacité de visualiser des images dans leur tête, elles pourraient avoir besoin de stimulation visuelle (surtout les hommes).

Un moyen simple de résoudre ce problème consiste à leur donner accès à des images (pas nécessairement de la pornographie, mais des photos de magazines), de façon à ce qu’elles aient des sources de stimulation dans leur chambre.4

Pour aller plus loin

VisuelCeQueElsaAime2VisuelCeQueTomAime2Les guides « Ce que Tom aime » et « Ce que Elsa aime » sont des guides illustrés pour permettre à la famille et aux professionnels de la santé d’expliquer de manière accessible et appropriée la sexualité et la masturbation à un enfant vivant avec des besoins particuliers : établir des frontières entre vie privée et vie publique, où et quand réaliser cette activité sans gêner autrui, etc.

Nous pouvons les commander dans les grandes librairies.

 

L’éducation sexuelle de notre adolescent devrait viser la connaissance…

  • de son corps sexué,
  • du mécanisme de reproduction,
  • des réactions sexuelles,
  • de soi,
  • de ses sentiments,
  • de ses désirs,
  • de ses valeurs par rapport à la vie sexuelle.

De plus, l’éducation sexuelle implique trois aspects :

  • le développement de l’estime de soi;
  • l’enseignement des habiletés sociales;
  • l’enseignement des faits concernant la sexualité (le corps, les sentiments et les émotions).

Dans une optique de valorisation des rôles sociaux, il faut maximiser l’éducation sexuelle des personnes ayant des besoins particuliers en profitant des activités inscrites dans leur quotidien. Il faut aussi fournir, au besoin, des programmes d’intervention personnalisée et éviter de maintenir ou de renforcer des rôles féminins ou masculins stéréotypés. 

Le défi peut sembler de taille, mais nous avons tout à gagner à aider notre adolescent afin qu’il développe des relations affectives saines et respectueuses qui l’aideront à se sentir aimé et heureux.

Histoire de personne handicapée

J’ai eu beaucoup de peine quand ma mère a commencé à parler de sexualité et de contraception avec ma soeur, surtout car c’était ma plus jeune soeur. Je sentais que je n’aurais pas droit à ma sexualité et ça a forgé mon désir de tout mettre en oeuvre pour que moi aussi, je puisse être active sexuellement. Une fois adulte, j’ai contracté une ITSS. J’aurais aimé avoir les mêmes chances et les mêmes informations que l’ensemble des adolescents de mon âge.

Véronique

11- Modifié et adapté pour le parent : Visiter le site
22- Ibid
34- Ibid

Vous relevez des erreurs de contenu, écrivez-nous !

Garder le cap le guideGarder le cap le guide

Recevez gratuitement la version pdf du guide « Garder le cap » en vous abonnant à notre infolettre !
Restez informé!